Nous ne vous oublions pas mais un emploi du temps un peu chargé, des difficultés de connexion ici ou là cumulées à la panne du smartphone de Thierry nous ont fait prendre un retard certain dans la transcription de notre récit...
Je profite donc de nos quelques heures dans le train entre Yogyakarta et Surabaya, pour écrire quelques lignes que nous illustrerons ultérieurement.
Je profite donc de nos quelques heures dans le train entre Yogyakarta et Surabaya, pour écrire quelques lignes que nous illustrerons ultérieurement.
6 juin 2018
Ce matin, nous débutons notre périple ferroviaire. Celui-ci doit nous conduire de Jakarta, à l'ouest de Java, à Banyuwangi, à l'extrême est. Nous avons opté pour ce mode de transport afin de visiter l'île au rythme et au contact des autochtones, de prendre le temps de « musarder » au cœur de ses paysages.
Première étape: Bandung. Un peu plus de trois heures, pour une distance de 119 km, dans un wagon climatisé nous séparent du chef-lieu de la province du Java occidental. Dans mes lointains souvenirs, le voyage en train, plus long que par la route, est somptueux.
Pourtant, dès la sortie de la gare de Gambir, alors que débute une longue traversée du "Grand Jakarta", des images dérangeantes se dévoilent. Des kilomètres de bidonvilles sont installés à proximité immédiate ou en contrebas des voies ferrées. Une très forte densité de population s'y entasse dans des bâtisses en bois, brique et taule, construites tous azimuts et constellées de linge étendu. Pauvreté et insalubrité semblent se concentrer dans ces kampung urbains (villages) comme en témoignent notamment le délabrement des maisons et les ruelles jonchées de déchets.
Après avoir quitté cette banlieue sordide, la nature reprend progressivement ses droits. A chaque regard, elle étale alors sa magnificence sous nos yeux. Le chemin de fer traverse des montagnes et des cultures en terrasse. Les premières rizières, les palmiers, les cocotiers, les bananiers et de magnifiques villages aux maisons très colorées défilent devant nous.
![]() |
Premières rizières |
![]() |
Cultures en terrasses |
![]() |
Agricultrice dans sa rizière |
![]() |
Village entre Jakarta et Bandung |
Arrivés à Bandung, capitale de Java-Ouest, Ivon nous improvise une visite du centre ville de cette cité où elle a effectué ses études de français. Les touristes sont ici peu nombreux.
Discrète, l'ancienne capitale coloniale hollandaise a un passé imposant qui s'exprime au travers d’édifices coloniaux, de style "art déco", remarquablement préservés tels que notamment le "Warenhuis de Vries", premier centre commercial de Bandung ou le Gedund Merdeka, qui accueillit en 1955 la première conférence des pays non alignés.
![]() |
Warenhuis de Vries |
Bandung 1955, les juristes et les historiens se remémoreront leurs cours de première année, pour les autres Wikipédia fera l'affaire:
"La conférence de Bandung s'est tenue du 18 au 24 avril 1955 à Bandung (Indonésie), réunissant pour la première fois les représentants de vingt-neuf pays africains et asiatiques dont Gamal Abdel Nasser (Égypte), Jawaharlal Nehru (Inde), Soekarno (Indonésie) et Zhou Enlai (Chine). Cette conférence marqua l'entrée sur la scène internationale des pays décolonisés du «tiers monde». Ceux-ci ne souhaitant pas intégrer les deux blocs qui se font face, menés par les États-Unis et l'URSS, choisissent le non-alignement"
Cette conférence est perçue par Léopold Sédar Senghor, alors envoyé officiel français et futur président du Sénégal, comme un "coup de tonnerre".
"Le texte adopté au terme de la conférence rejette le racisme et le colonialisme, réclame une coopération économique mondiale pour lutter contre le sous-développement et tente de promouvoir une charte des relations entre États. Mais il ne parvient pas à déterminer une ligne commune face aux États-Unis et à l'U.R.S.S." (Olivier COMPAGNON, Conférence de Bandung (1955), Encyclopædia Universalis en ligne)
Au centre ville, la mémoire de la célèbre conférence est omniprésente. Le petit musée de la conférence, Jalan Asia-Afrika, est un incontournable
![]() |
Monument commémoratif de la conférence de Bandung "Monumen Asia-Afrika" |
A la tombée de la nuit, nous pénétrons dans la Grande Mosquée "Mesjid Agung Bandung''.
La grande mosquée de Bandung a été construite en 1812. Le premier bâtiment était une humble structure en bois, recouverte de murs en panneaux de bambou et d'un toit de chaume à plusieurs niveaux. Depuis sa fondations, elle a été de nombreuses fois rénovée et agrandie. La dernière grande rénovation date de 2003. Elle se présente aujourd'hui à nos yeux flanquée de deux minarets jumeaux d'une hauteur de 81 mètres et surmontée de trois dômes. Elle est susceptible d'accueillir 13 000 fidèles.
L'esplanade faisant face à la mosquée, recouverte d'un gazon artificiel, est un vaste lieu de vie, un endroit de rencontre sociale, amicale et conviviale. On y partage son repas, assis par terre. On y retrouve ses connaissances. On peut également y jouer ou tout simplement y flâner. Seules les chaussures en sont bannies. Le jardin public environnant invite quant à lui à se livrer aux douceurs du farniente.
La grande mosquée de Bandung a été construite en 1812. Le premier bâtiment était une humble structure en bois, recouverte de murs en panneaux de bambou et d'un toit de chaume à plusieurs niveaux. Depuis sa fondations, elle a été de nombreuses fois rénovée et agrandie. La dernière grande rénovation date de 2003. Elle se présente aujourd'hui à nos yeux flanquée de deux minarets jumeaux d'une hauteur de 81 mètres et surmontée de trois dômes. Elle est susceptible d'accueillir 13 000 fidèles.
![]() |
La Grande Mosquée "Mesjid Agung Bandung |
Le mois sacré de ramadan a commencé le 16 mai. Ce pilier de la religion islamique consiste pour les croyants en un jeûne depuis l'aube jusqu'au crépuscule.
A notre grande surprise mais aussi pour notre plus grande joie, nous sommes conviés à partager l'iftar, le repas de rupture du jeûne quotidien, pris le soir après la prière du crépuscule pendant le mois de ramadan.
Comme pour tout le calendrier du ramadan, que ce soit l'heure des cinq prières ou celle des deux repas quotidiens, le suhûr, repas de l'aube, l'iftar, le repas du soir, les horaires sont fixés selon des calculs astronomiques très précis. En ce 21ème jour du mois de ramadan, à Bandung, l'iftar est programmé à 17h43.
Seuls occidentaux et non musulmans présents, nous sommes à la croisée de tous les regards, mais les sourires et la convivialité de nos hôtes nous mettent tout de suite à l’aise. Après la prière dite de "maghreb", nous partageons donc le repas avec la communauté des fidèles. Chaleureux et émouvant, des minutes intenses de tolérance et de partage.
![]() |
Bandung, à l 'intérieur de la Grande mosquée pour l'iftar |
L'esplanade faisant face à la mosquée, recouverte d'un gazon artificiel, est un vaste lieu de vie, un endroit de rencontre sociale, amicale et conviviale. On y partage son repas, assis par terre. On y retrouve ses connaissances. On peut également y jouer ou tout simplement y flâner. Seules les chaussures en sont bannies. Le jardin public environnant invite quant à lui à se livrer aux douceurs du farniente.
![]() |
Un des deux minarets de la Grande Mosquée "Mesjid Agung |
Nous achevons notre première journée à Bandung, dans la rue Braga et sa multitude de galeries, boutiques, de cafés et de restaurants. Braga était le cœur de Bandung pendant son âge d'or.
![]() |
Plaque de rue: Jalan Braga |
![]() |
Jalan Braga |
![]() |
Dessert du jour |
7 juin 2018
Ce matin, nous effectuons une visite commentée de Bandung dans un bus très original, gratuit qui plus est. Le commentaire de la visite étant exclusivement en Indonésien, Ivon doit rapidement s'improviser interprète.
Cernée par les volcans du massif montagneux de Parahyangan, recouvert de nombreuses plantations de thé, elle est située dans une vaste cuvette à 768 mètres d'altitude dans un environnement luxuriant. Les conditions naturelles favorables et le climat tropical doux de Bandung (la moyenne annuelle des températures y est de 23°C),en font, depuis l'époque coloniale, un lieu de villégiature très apprécié, permettant d'échapper à la chaleur de la plaine.
Si Bandung, portée par un population très jeune, est un haut lieu de la mode indonésienne, un pôle industriel dynamique (textile, mécanique, chimie, caoutchouc), elle est aussi une centre universitaire
renommé. On y recense pas moins de vingt-sept universités dont un prestigieux institut de technologie.
![]() |
En route pour un tour de ville |
![]() |
Gedung Sate Bandung |
L'après-midi, nous nous rendons à Saung Angklung Udjo où nous assistons à un spectacle mêlant divers arts indonésiens: marionnettes, danses traditionnelles et angklung. C'est ce dernier qui est au cœur de la représentation.
L'angklung est un instrument de musique, de la famille des percutions, utilisé dans toute l'Indonésie, et en particulier dans les îles de Java et Bali. Cet idiophone est composé d'au moins deux tubes de bambou suspendus verticalement dans une structure, elle-même en bambou. Ces tubes émettent un son lorsqu'on agite ou frappe le cadre. Chaque instrument émet une note ou un accord unique. Sa pratique ne peut être que collaborative puisque plusieurs joueurs doivent impérativement s'associer pour exécuter des mélodies.Depuis 2010, l'angklung indonésien est inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
![]() |
Jeu diatonique d'angklung |
Une partie du spectacle est interactive. L’occasion, comme partout en Indonésie, d’être accueillis à bras (et smartphones) ouverts par de charmant(e)s autochtones, avides de prendre photos ou selfies.
Coachés par des artistes confirmés mais également de jeunes enfants de l'école d'angklung, nous nous sommes donc initiés à cet instrument, nous avons chanté, dansé. En ce qui concerne le chant, certaines ce sont abstenues (Ici, la saison des pluies est terminée...)
Le final de ce spectacle fut tout aussi original qu'inattendu : une interprétation à l'angklung, par les élèves de l'école, du thème musical du film "Mission impossible" suivi d'un extrait de la "Danse Hongroise n°5" de Johannes Brahms. Exceptionnel!
Même si le lieu est bien évidemment touristique, la représentation est magique. Bref, deux heures de pur bonheur! Nous y reviendrons.
Le final de ce spectacle fut tout aussi original qu'inattendu : une interprétation à l'angklung, par les élèves de l'école, du thème musical du film "Mission impossible" suivi d'un extrait de la "Danse Hongroise n°5" de Johannes Brahms. Exceptionnel!
Même si le lieu est bien évidemment touristique, la représentation est magique. Bref, deux heures de pur bonheur! Nous y reviendrons.
![]() |
Nos adorables mini coachs |
Départ en train pour un voyage de 8 heures et 348 km à destination de Yogyakarta, Jog-ja comme on l'appelle familièrement. Les premiers sommets apparaissent, le train est parfois très lent du fait des pentes escarpées. Là encore, nous traversons des paysages toujours aussi magnifiques et des villages très animés.
![]() |
L'une des innombrables mosquées aperçues entre Bandung et Yogyakarta |
Yogyakarta, c'est l'âme de Java, le berceau de son héritage intellectuel, culturel et spirituel.
C'est aussi la seule ville d'Indonésie où subsiste un sultanat. Son sultan, Hamengku Buwono X, est aussi titulaire d'un pouvoir politique puisqu'il est le gouverneur du territoire spécial de Yogyakarta. Yogyakarta est une région spéciale de l'Indonésie, créée en reconnaissance de la contribution majeure de son père, Hamengku Buwono IX, à la révolution de 1945-1949 contre les Pays-Bas, qui dirigeait l’Indonésie depuis 350 ans.
Arrivée à Yogyakarta, nous nous installons dans un hôtel proche de Tugu Jogja (ou Tugu Pal Putih), le monument emblématique de la ville.
Édifié en 1755 par le sultan Hamengkubuwono 1er, le fondateur du Kraton de Yogyakarta. Selon la croyance populaire, le monument aurait été édifié sur un axe magique reliant le mont Merapi, le palais du sultan et la plage de Parangtritis. Initialement, haut de 25 mètres, Tugu Golong-Gilig, son nom d’origine, avait l'apparence d'un pilier cylindrique (Gilig) dont le sommet était coiffé d'une sphère (golong). Il symbolisait tant l'unité entre peuple et le sultan dans la lutte contre le colonialisme que le lien sacré existant entre l'homme et le créateur. Golong-Gilig s'est effondré lors du tremblement de terre survenu le 10 juin 1867, puis a été reconstruit par les néerlandais en 1889. Dans l'opération de reconstruction, la taille du monument a été réduite de 10 mètres, sa forme est aujourd'hui carrée et la sphère sommitale a laissé place à une spirale conique effilée ressemblant à une corne de licorne. Une étoile de David est visible sur chaque des quatre faces du monument. Dans cette ville universitaire, le rituel veut que les étudiants embrassent la base du monument et se prennent en photo devant lui après la remise des diplômes.
Après notre installation, la journée se poursuit dans les rues très animées du quartier et notamment dans la célébrissime Jalan Malioboro. S'étirant sur un axe imaginaire reliant le Kératon, Tugu et le sommet du mont Merapi, c'est l'artère principale du centre ville de Yogyakarta qu'elle parcourt du nord au sud, l'avenue cérémoniale que le Sultan empruntait pour traverser la ville.
Édifié en 1755 par le sultan Hamengkubuwono 1er, le fondateur du Kraton de Yogyakarta. Selon la croyance populaire, le monument aurait été édifié sur un axe magique reliant le mont Merapi, le palais du sultan et la plage de Parangtritis. Initialement, haut de 25 mètres, Tugu Golong-Gilig, son nom d’origine, avait l'apparence d'un pilier cylindrique (Gilig) dont le sommet était coiffé d'une sphère (golong). Il symbolisait tant l'unité entre peuple et le sultan dans la lutte contre le colonialisme que le lien sacré existant entre l'homme et le créateur. Golong-Gilig s'est effondré lors du tremblement de terre survenu le 10 juin 1867, puis a été reconstruit par les néerlandais en 1889. Dans l'opération de reconstruction, la taille du monument a été réduite de 10 mètres, sa forme est aujourd'hui carrée et la sphère sommitale a laissé place à une spirale conique effilée ressemblant à une corne de licorne. Une étoile de David est visible sur chaque des quatre faces du monument. Dans cette ville universitaire, le rituel veut que les étudiants embrassent la base du monument et se prennent en photo devant lui après la remise des diplômes.
Tugu Jogja |
Après notre installation, la journée se poursuit dans les rues très animées du quartier et notamment dans la célébrissime Jalan Malioboro. S'étirant sur un axe imaginaire reliant le Kératon, Tugu et le sommet du mont Merapi, c'est l'artère principale du centre ville de Yogyakarta qu'elle parcourt du nord au sud, l'avenue cérémoniale que le Sultan empruntait pour traverser la ville.
Le quartier proche de Jalan Malioboro fut le centre administratif de Yogyakarta sous l’administration coloniale. Au fil du temps, les Hollandais y construisirent divers édifices dont le fort de Vredeburg en 1765, le club néerlandais en 1822, la Résidence du gouverneur néerlandais en 1830, le Java Bank ou encore la poste centrale. Lieu haut en couleurs, c'est sur l’avenue Malioboro que bat aujourd’hui le pouls de la cité. La rue offre le spectacle d’une circulation anarchique où défilent becak (cyclo-pousse), sepeda motor bebek (petites motos), andong (charrettes tirées par des chevaux), voitures et piétons qui tentent de la traverser… C'est une destination commerciale et touristique, un enchevêtrement continu d'hôtels, de boutiques, de warung, kaki lima (cuisine mobile) et d'étals en tout genre. On y trouve des produits de l'artisanat local, des batiks chatoyants, des bijoux, etc. L'animation y à son comble jusqu'à tard dans la nuit.
Yogyakarta est une ville culturelle et artistique, de nombreux artistes y exposent donc leur art. Musiciens, peintres et designers s’y donnent rendez-vous pour partager leurs créations.
![]() |
Yogyakarta, jalan Malioboro, becak |
Yogyakarta est une ville culturelle et artistique, de nombreux artistes y exposent donc leur art. Musiciens, peintres et designers s’y donnent rendez-vous pour partager leurs créations.
C'est aussi l'endroit idéal pour savourer quelques spécialités culinaires locales, le plus souvent à un prix très abordable, dans l'un des nombreux restaurants de cette rue ou des ruelles adjacentes. Il y en a pour tous les goûts !
Ce soir nous y célébrons l’anniversaire d'Ivon, notre grande fille bien-aimée.![]() |
Joyeux anniversaire Ivon |
Dans ce même quartier, Pasar Beringharjo, un marché traditionnel qui a vu le jour en 1758, sur l'emplacement d'une forêt de banians, accueille sur trois étages, les autochtones qui viennent s'y approvisionner, dans une atmosphère toute javanaise, en fruits, légumes, épices, féculents, vêtements, objets artisanaux, antiquités, articles d'occasion.
Après le repas, nous flânons longuement dans le quartier de Malioboro qui nous réserve de nombreux surprises. Nous y découvrons notamment une imposante sculpture de lion en aluminium et en acier intitulée "Ténacité", oeuvre de l'artiste local Timbul Raharj.
![]() |
Yogyakarta, jalan Malioboro, intérieur d'un magasin de batik |
Après le repas, nous flânons longuement dans le quartier de Malioboro qui nous réserve de nombreux surprises. Nous y découvrons notamment une imposante sculpture de lion en aluminium et en acier intitulée "Ténacité", oeuvre de l'artiste local Timbul Raharj.
![]() |
Yogyakarta, jalan Malioboro, sculpture de lion |
9 juin 2018
Ce matin, nous partons pour Borobudur et Prambanan, les deux plus beaux temples de l’Indonésie.
Avant cela, nous allons de surprises en surprises. Alors que nous pensions être simplement conduits de Yogyakarta à Borobodur, Hartono, notre chauffeur, nous fait découvrir la région.
Première halte à Kota Gede, un quartier, au sud-est de Yogyakarta, réputé pour son artisanat d'argenterie. Nous pénétrons dans un atelier et assistons entre autres au processus de fabrication de pièces selon la technique du filigrane d'argent. Entièrement façonnés à la main, chaque bijoux est unique. Des fils d’argent, jusqu'à seulement 0,2 mm de diamètre, brodés telle de la dentelle, donne vie à des modèles délicats et élaborés.
Au sein de cet atelier sont fabriqués manuellement des bijoux tels que des colliers, des broches, des pendentifs, des bracelets et des boucles d'oreilles, mais aussi des sculptures, des plateaux, des services à thé, services de table.
Cet atelier d'argenterie fine est installé dans un bâtiment de l'époque coloniale hollandaise.
Nous visitons ensuite plusieurs temples dont le temple bouddhiste de Mendut. Candi Mendut, édifié au IXème siècle de notre ère, est situé dans le charmant village de Magelang à quelques kilomètres de Borobudur. À l'intérieur du sanctuaire, trônent trois colossales statues de pierre: au centre Bouddha, flanqué de deux boddhisattvas: Lokesvara à sa droite et de Vajrapani à sa gauche.
A proximité du temple, le monastère éponyme et son parc arboré méritent bien que l'on s'y ressource une avant de reprendre la route vers Candi Pawon, un temple plus petit, à mi-chemin entre Candi Mendut et Candi Borobudur.
Temple bouddhiste de Mendut (Candi Mendut) |
![]() |
Le Bouddha de Candi Mendut |
Candi Mendut: bas-relief |
Candi Mendut: les 3 éléphants |
Chaque année, la dernière journée de pleine lune du 5ème mois de l'année lunaire (en mai ou juin, le 29 mai en 2018, dommage pour nous!), cette triade de temples est au cœur des célébrations du Waisak. Le Waisak, jour férié en Indonésie, est une fête religieuse bouddhiste commémorant simultanément la naissance, l'illumination et la mort de Siddhārtha Gautama dit le Bouddha. Les festivités débutent à Candi Mendut. Elles y sont marquées par un temps de prières et de méditation mais aussi d'offrandes devant les statues du Bouddha. Une procession, à pieds et à la lueur des bougies, conduit ensuite moines et adeptes du temple de Mendut à celui de Borobudur en passant par Candi Pawon. Au terme du pèlerinage, des lanternes sont lâchées dans le ciel de Borobudur en signe de paix et les fidèles tournent trois fois autour du temple en récitant des prières.
Candi Pawon |
La région de Yogyakarta abrite de nombreux villages qui conservent leur mode de vie, leur culture et leurs rituels traditionnels. Nous visitons l'un d'entre eux, Wanurejo, situé dans le district de Borobudur, à environ 2 km du célèbre temple. Atmosphère rurale garantie dans cet authentique village javanais. C'est sur son territoire qu'est édifié Candi Pawon. Le village est implanté, sur la rive occidentale de la rivière Progo, au milieu de champs de riz verdoyants et de forêts tropicales humides. En parcourant les rues du village, nous sommes chaleureusement accueillis puis invités à découvrir les espaces privatifs extérieurs. Discuter avec les habitants, nous permet d’appréhender succinctement la culture et le mode de vie du village.
Bâtiments agricoles en bambou |
Demeure villageoise |
Tout se transporte sur une moto |
Nous sommes convier à pénétrer dans une cour de ferme.
Enclos animalier en bambou |
Singe domestique |
Séchage du riz |
Étendoir à linge en bambou |
Enclos des chèvres |
Chèvre attachée en extérieur |
Nous nous laissons rapidement embrasser par la splendeur luxuriante et les sons apaisants de la nature environnante. Hartono partage avec nous ses connaissances arboricoles, nous renseigne sur les différentes plantes médicinales rencontrées et leurs utilisations, nous fait des commentaires sur le système agricole traditionnel et les méthodes de culture. Lorsque nous rejoignons la voiture, poivriers, salaks, papayers, caféiers, bananiers, cocotiers, culture du riz et du manioc n'ont plus de secrets pour nous, enfin presque.
Graines de poivrier |
![]() |
Salak ou fruit serpent |
Papayer |
Pommes de jacque |
Graines de caféier |
Lors d'une halte dans un village, nous goûtons notre premier et...dernier Kopi Luwak
Tini, la
collègue indonésienne de Thierry, nous a tant vanté les qualités gustatives de
ce célèbre breuvage que nous décidons bien évidemment d'en déguster une
tasse.
Avant qu'Ivon
et Hartano nous relatent les origines et le processus de fabrication de ce fameux
café, nous ignorions tout de son troublant secrets de
fabrication. Connu pour être l'un des plus chers au monde, certaines enseignes
occidentales le vendent à plus de 70 € la tasse, nous découvrons rapidement
qu'il s'avère être aussi l'un des moins éthiques. Une visite chez un
producteur local a fini de nous en convaincre.
Référence dans le monde du “café de luxe”, Kopi
Luwak doit sa renommée à son mode d'élaboration hors du commun.
Petit retour
en arrière.
L'histoire
débute à Java puis à Sumatra au XVIIIe siècle, à l'époque
des Indes orientales, lorsque les hollandais y introduisirent la culture
du café. Les colonisateurs défendirent alors formellement aux fermiers indigènes
travaillant sur les plantations de récolter les précieux fruits pour leur usage
personnel. Cependant, ces derniers remarquèrent rapidement que de petits
mammifères nocturnes, appelés luwak (en français, civette
palmiste d’Asie), étaient très friands des cerises
de caféier, surtout des meilleures, mais qu'ils n'en digéraient que la pulpe. Contournant
l'interdit, la population locale, désireuse
de goûter néanmoins le fameux « arabica », commença à récupérer les grains
de café, parsemés sous forme de grappes, dans les excréments de ces fins gourmets. Rincés, soigneusement nettoyés,
séchés puis triés, ces grains étaient
ensuite clandestinement torréfiés.
Café du
pauvre, le Kopi Luwak était né !
Grains de café Luwak
|
Lors du passage dans le système digestif de la civette se produit une fermentation naturelle, due à l’action des enzymes et acides contenus dans le suc gastrique, libérant ainsi les arômes du café et lui conférant un goût prononcé de noisette, dénué d’amertume et parfois légèrement caramélisé ou chocolaté.
La réputation du café luwak atteignit rapidement les propriétaires des plantations qui en firent leur café favori. Conséquence immédiate de sa rareté et de son processus de fabrication, les prix s'envolèrent.
Lors de la
visite, notre hôte nous explique que la fabrication de ce café requiert beaucoup d'heures de travail et qu'elle se fait majoritairement manuellement, entraînant un coût élevé de production. Puis elle poursuit en nous précisant que les
quantités produites demeurent, aujourd'hui encore, très limitées,
quelques centaines de kilos annuellement, faisant du Kopi Luwak un
véritable produit de luxe au même titre que le champagne ou le caviar.
La réalité
contemporaine est en fait tout autre et nous laisse pour le moins dubitatifs.
Une recherche rapide sur internet nous apprend que, chaque année, le
marché est inondé d'au moins 50 tonnes de café en
provenance d’Asie du sud-est et, qu'en l'absence de programme de
certification pour
s’assurer que le café commercialisé comme « sauvage » le soit réellement,
les arnaques sont légion. Au premier rang de celles-ci, l'estampillage
"100% Kopi Kuwak" est totalement sujet à caution tant le mélange d'authentiques grains de civettes palmistes avec des grains de cafés ordinaires, semble répandu.
Nous
découvrons également qu'il s'agit aussi et souvent d'une macabre
industrie.
Hier produit
rare et exotique, l'engouement pour ce café et le lucre subséquent ont
entraîné l'éclosion de nombreuses plantations. Actuellement,
la production du café luwak est fâcheusement liée à
la surexploitation de ce
petit animal asiatique omnivore et donc frugifore.
Tant que les grains sont récoltés dans la nature, cet atypique mode de production de café, ne nuit en rien à
l’animal qui se nourrit de cerises de caféiers au même titre que
d’autres baies et fruits pulpeux en plus des petits insectes
ou reptiles qui constituent son quotidien dans le cadre d'un régime alimentaire équilibré. Malheureusement, les
fermiers qui perpétuent cette méthode éthique de production,
sont aujourd'hui rarissimes. En effet, afin d'augmenter leur
productivité, nombre d'exploitants, peu scrupuleux des exigences minimum en
matière de bien-être animal, se sont mis à capturer les luwak et à les enfermer
dans de petites cages insalubres, exiguës et surpeuplées où leur alimentation se limite,
le plus souvent, à des cerises immatures ou pourries. Animal nocturne, le luwak en cage souffre de claustrophobie. Soumis au stress intense de la captivité dans des cages et du gavage, le luwak peut aller jusqu'à l’automutilation.
Depuis 2013, quelques distributeurs, dont Harrods, le luxueux magasin londonien, ont retiré le kopi luwak de leurs rayons, ou fait la promesse d’enquêter sur le processus de production. Malheureusement, de nombreux touristes ferment toujours les yeux sur la cruauté que cache le kopi luwak.
Depuis 2013, quelques distributeurs, dont Harrods, le luxueux magasin londonien, ont retiré le kopi luwak de leurs rayons, ou fait la promesse d’enquêter sur le processus de production. Malheureusement, de nombreux touristes ferment toujours les yeux sur la cruauté que cache le kopi luwak.
Une civette |
Arrivés à Borobudur, notre périple n'est pas encore terminé. Hartano souhaite alors nous conduire à Bukit Rhema, un étrange lieu de culte multiconfessionnel, une maison de prière et de méditation pour toutes les nations.
Bukit Rhema est située dans le hameau de Gombong, à environ 5 km du temple de Borobudur.
L'édifice de plusieurs étages, construit au début des années 1990, est haut d'une quinzaine de mètres. Cette construction, à ce jour inachevé en raison de difficultés de financement et de l'hostilité d'une partie de la population, est l'oeuvre de Daniel Alamsjah, un chrétien, qui a prétendu que l'idée de lui avait été insufflée par Dieu lors d'un rêve réalisé en 1989.
Bukit Rhema est bâti au sommet d'une colline elle même entourée de nombreux sommets, notamment le Sumbing, le Merbabu, le Suroloyo, et le Merapi.
Imaginée par son concepteur sous la forme d'une colombe géante symbolisant la paix, l'église apparaît en fait, aux yeux des autochtones, comme étant la représentation d'un poulet. Ils la surnomment d'ailleurs "Gereja ayam", l'église du poulet.
Route d'accès à Bukit Rhema |
![]() |
Gereja ayam |
Les salles de prières occupent le sous-sol et le rez de chaussée du bâtiment. Une ascension à l'intérieur de la tête de l'oiseau, dévoile sur plusieurs étages des murs recouverts de fresques aux thèmes aussi divers que les effets pervers de la toxicomanie, les voyages ou la diversité de la nation indonésienne. L'espace occupé par la couronne, qui coiffe la supposée colombe, constitue un endroit privilégié pour admirer l’environnement du site: le temple de Borobudur, la canopée de la forêt tropicale, les volcans voisins et notamment le Merapi. A l'autre extrémité de l'édifice, installé à la terrasse d'un l’établissement dénommé "Kedai Rakyat W'Dank Bukit Rhema" situé sur la queue du volatile, nous sirotons un wedang jahe, thé chaud au gingembre. Celui-ci est accompagné d'un plat traditionnel au manioc nommé latela Gombong Cassava. Cet encas est gracieusement en échange du billet d'entrée. Cet emplacement offre lui aussi une vue magnifique sur la vallée.
Intérieur de Gereja ayam |
![]() |
Fresques à l'intérieur de Gereja ayam |
Fresques à l'intérieur de Gereja ayam |
Fresques à l'intérieur de Gereja Ayam |
![]() |
Vue sur le temple de Borobudur depuis Gereja Ayam |
![]() |
Vue sur la canopée de la forêt tropicale |
10 juin 2018
Debout à 3h30 heures pour assister au lever du soleil au sommet de Candi Borobudur, l'un des plus grand temple bouddhique au monde et joyaux du patrimoine culturel mondial. Moins connu que le célèbre site d'Angkor au Cambodge, Borobudur est une merveille architecturale, l'expression la plus grandiose de l'art religieux indonésien.
Au cœur d'une végétation luxuriante dans la haute plaine fertile du Kedu au centre de Java, proche des redoutables volcans Sundoro, Sumbing, Merapi et Merbabu, au confluent de deux rivières, la Progo et l'Elo. Distant de quelque quarante kilomètres de Yogyakarta, Borobudur a été érigé au VIIIe et IXe siècles durant le règne de la dynastie Sailendra, pratiquant le bouddhisme. A cette époque, Charlemagne régnait sur l'empire carolingien et les cathédrales appartenaient encore à un monde futur.
Plus grand monument en pierre de l'île de Java, le temple a été construit en alignement avec deux autres petits temples : Candi Pawon et Mendut.
Les textes anciens mentionnant Borobudur étant particulièrement rares, son origine demeure énigmatique. On ignore tout des raisons exactes qui ont motivé sa construction, de l'identité de son concepteur et des secrets entourant sa forme.
Les textes anciens mentionnant Borobudur étant particulièrement rares, son origine demeure énigmatique. On ignore tout des raisons exactes qui ont motivé sa construction, de l'identité de son concepteur et des secrets entourant sa forme.
Mystérieusement abandonné au début du deuxième millénaire, il sombre alors dans un sommeil de mille ans. Si on ignore la raison de cet abandon, on sait toutefois qu'avant l'an 1000, probablement en raison d'éruptions volcaniques, le pouvoir local s'est déplacé vers l'est. Déserté mais jamais oublié, la population locale connaissait l'existence de ce temple, de nombreuses histoires et légendes l'entouraient.
Redécouvert en 1814 par des militaires anglais (Java était alors une colonie britannique), ruiné par les ravages du temps, le site est débarrassé des décombres et de la végétation qui l'envahissent, avant d'être ultérieurement endommagé par les tremblements de terre, l’érosion et la jungle. Au début du XXe siècle, les Hollandais entreprirent de sauvegarder le site. Dans les années qui suivirent son indépendance, le jeune Etat indonésien décida que la sauvegarde de ce vestige d'un glorieux passé constituait un objectif prioritaire. Mais ce n'est qu'après de titanesques travaux de restauration, réalisés de 1975 à 1982 sous l'égide de l'UNESCO et du gouvernement Indonésien, que Borobudur renaît et retrouve sa magnificence d'antan. Chantier pharaonique s'il en est! Un véritable légo géant. Chaque pierre a été déposée, consignée, numérotée. Chaque panneaux de bas-relief a été nettoyés, les fondations renforcées et enfin, le tout fut remonté.
Borobudur, classé au patrimoine mondial de l'humanité, c'est une pyramide d'environ 1 600 000 blocs de pierre (55 000 m3) taillées et sculptées puis assemblés et enroulés autour d’une petite colline.
Seule une vue aérienne permet d’en saisir la silhouette pyramidale et le plan en forme de gigantesque mandala tantrique en trois dimensions.
Seule une vue aérienne permet d’en saisir la silhouette pyramidale et le plan en forme de gigantesque mandala tantrique en trois dimensions.
![]() |
Vue aérienne de Borobudur |
Ce sanctuaire, hors du commun, érigé sur une colline à 265 mètres au-dessus du niveau de la mer, est composé de dix niveaux représentant chacun une étape du cheminement spirituel, les dix degrés de transmutation humaine nécessaires pour passer de la réalité au Nirvana.
- la base, un carré de 113 mètres de côté auquel s’ajoutent des
extensions qui portent la surface extérieure à 123 x 123 mètres.
- cinq terrasses carrées dont la dimension diminue à chaque niveau, en retrait d'environ 2 mètres les unes par rapport aux autres.
- trois terrasses circulaires de plus en plus petites,
- un énorme stupa en forme de cloche, de 11 mètres de diamètre et s'élevant à 35 mètres au dessus de la base, couronnent l’édifice. Il symbolise l'éveil, l'élévation ultime.
Pour édifier te temple, les bâtisseurs ont utilisé des blocs d'andésite bistre, une roche volcanique passant du gris à l'ocre selon la lumière. Facile à sculpter mais très fragile et poreuse, elle provient du sol même de l'île qui a été formé par les émanations des volcans tel le Mérapi voisin.
![]() |
Coupe transversale de Candi Borobudur |
Cette montagne architecturale a été bâtie selon la croyance bouddhiste d’élévation spirituelle, ses dix niveaux correspondent aux dix étapes successives de la vie sur terre que le boddhisattva doit franchir pour atteindre le Nirvana.
Quatre escaliers situés aux quatre points cardinaux permettent d’atteindre la dernière terrasse.
A Borobudur, selon la conception de l’univers dans la cosmologie bouddhiste, la base représente le kamadhatu (le monde du désir), les cinq terrasses
carrées représentent le rupadhatu (le royaume des formes), et les trois plates-formes circulaires
couronnées par le grand stupa symbolisent l’arupadhatu (le domaine de l'immatériel).
A l'origine, on recensait 504 statues de Bouddha dans le temple. Aujourd'hui 300 ont été victimes d'actes de vandalisme et 43 ont malheureusement disparu.
Autour des plateformes circulaires, 72 stupas ajourés, en forme de cloches et
mesurant en moyenne 3,6 mètres de hauteur, abritent autant de statues du Bouddha en méditation.
A Borobudur, les statues de Bouddha se ressemblent toutes. Elles représentent ce dernier assis, les jambes croisées, en position du lotus. Les traits de leur visage à la forme arrondie semblent serein et majestueux. Celui-ci est surmonté d'une chevelure aux larges boucles en enroulées, les yeux baissés, le nez très légèrement busqué, la bouche présente une lèvre supérieure assez mince et bien dessinée et une lèvre inférieure plus large et charnue. Seule la position des mains (mudra) les distingue. Celle-ci varie selon l'orientation, illustrant les enseignements de la vie de Bouddha.
Il y a 5 groupes de mudra, représentant les 5 points cardinaux du bouddhisme mahayana.
On découvre ainsi sur les 4 premiers gardes corps et en fonction de leur orientation sur le site:
- Coté nord : Abhaya mudra de Amoghasiddhi: geste d'absence de crainte, de protection.
- Coté sud : Varada Mudra de Ratnasambhava : geste du don.
- Coté ouest : Dhyana mudra de Amitābha: geste de méditation ou de concentration.
- Coté est : Bhumisparsa Mudra de Akshobhya : geste de prise à témoin de la terre.
Sur les plateformes circulaires, dans les stupas, les bouddhas ont la mudra du Zénith, Dharmachakra mudra de Vairocana: geste d'enseignement, de mise en marche de « la roue de la Loi ».
Si la cohérence de Borobudur réside dans ses proportions et son ordonnancement (niveaux - mondes), l'un des aspects les plus fascinants, et non des moindres, se trouve dans la symbolique des nombres.
Borobudur possède 5 plates-formes carrées et 3 circulaires soit un total de 8. Hors 8 est un chiffre sacré symbolisant l'infini, de l'illimité, comparable à l'éternité.
Les terrasses circulaires contiennent respectivement 32 (4x8), 24 (3x8),16 (2x8) stupas, soit 72 stupas, 4 multiples de 8 et enfin 1 stupa central. La progression arithmétique est évidente.
Les 1472 stupika décoratifs, 368 sur chaque face du monument), là encore des multiples de 8.
Les Bouddha se trouvent disposés sur 5 rangs correspondant au nombre total des balustrades surmontant les 4 galeries carrées et bordant la plate-forme terminale. On en dénombre 108 par face du monument. Ce nombre de 108 est sacré dans toute la civilisation indienne.
Ce chiffre total des Bouddha des 5 balustrades est donc, pour les 4 faces du monument, de 4 x 108 = 432, autre multiple de 8.
Mais, pour le pèlerin ultime, ce nombre doit se trouver augmenté des 72 Bouddha de stupa ajourés des terrasses rondes. On arrive ainsi au total de 504 statues de Bouddha. Ce nombre en lui-même, pourtant multiple de 8, ne signifierait rien si le pèlerin devait demeurer au sommet de Borobudur.
Mais il doit continuer son périple en redescendant par les terrasses rondes et les galeries, en tenant toujours le point central du monument à main droite : il achève ainsi sa spirale et repasse devant les 504 statues de Bouddha. Il rendra donc à celles-ci un hommage 1008 fois répété.
On retrouve partout le nombre de 8 à Borobudur. Car s’il est symbolique de la multitude, il est aussi celui de l’équilibre cosmique. L’unique Réalité (le 1) se trouve au centre : c’est le stupa sommital. L’ensemble représente alors 8+1=9 c’est-à-dire la Totalité.
![]() |
Statue de Bouddha dans un stupa découpé |
Temple de Borobudur, Boudha à l'intérieur d'un stupa |
Candi Borobudur est orné de 2672 bas-reliefs (1460 narratifs et 1212 décoratifs) délicatement sculptés couvrant une surface de 2520 m² et se répartissant entre deux univers: le pied enseveli du monument (kamadhatu) et les cinq terrasses carrées (Rupadhat). Le premier renferme 160 bas-reliefs dont une partie seulement est visible sur le coté sud-est. Il représente la sphère du désir et illustre la loi du karma selon laquelle l'addition de bonnes et de mauvaises actions commise tout au long d'une vie, avec son lot de malheurs et de tentations, influent sur la naissance suivante.
Les murs et des balustrades en vis à vis du second, le monde des formes, constituent quatre galeries à ciel ouvert d'une longueur cumulée de 2500 mètres, soit 5000 mètres de fresques!, qui mène sur le chemin de la délivrance suprême. Le mur principal de la première galerie content, suivant le texte du Lalitavistara, certains épisodes de la vie de Siddhārtha Gautama Shakyamuni, le Bouddha historique, depuis sa naissance (en 566 avant J.C. dans le nord de l'Inde) jusqu'à son illumination où il atteint la plus haute sagesse pour devenir Bouddha Shakyamuni. Les bas-reliefs des deuxième, troisième et quatrième galeries illustrent l'histoire des errances sans fin de Sudhana dans son infatigable quête de la sagesse suprême et de la vérité ultime.
Les bas-reliefs des murs se lisent de droite à gauche en circulant dans les sens des aiguilles d'une montre, tandis que ceux des balustrades se lisent de gauche à droite. Cette disposition facilite la pradaksina, la déambulation rituelle du pèlerin.
Sermon gravé dans la pierre, compilation de motifs divins, humains, floraux et matériel d'une incroyable finesse, cette immense frise m'a immédiatement rappelé une autre gigantesque "bande dessinée", Normande et sur toile celle-là, la tapisserie de Bayeux, chef d’œuvre de l’art roman du XIe siècle qui raconte une autre conquête, celle de l’Angleterre par Guillaume, duc de Normandie. Témoignage précis de la vie quotidienne au XIe siècle, elle est également une œuvre spirituelle qui évoque la punition d’un parjure. A Borobudur, les bas-reliefs s'avèrent également constituer une extraordinaire encyclopédie illustrée de la vie de tous les jours dans les villages et les palais javanais de l’époque. La musique y tient une large place, 45 sortes d'instruments y ont été inventoriées.
En gravissant en spirale les étages successifs, le pèlerin, ou le visiteur ordinaire, atteint la sphère du détachement des formes, le monde divin. Les terrassent circulaires y sont sobres et dépouillées, aucune sculpture, aucun ornement. Seuls les rangées de stupas encerclant le grand dôme sommital brise l'austère monotonie du lieu. La totale ouverture et la vue sublime qu'offrent l'arupadhatu symbolisent l'élargissement sans fin de l'horizon spirituel que peut atteindre le pèlerin s'il persiste sur la voie tracée par le Bouddha dans son cheminement vers le nirvana.
Plus prosaïquement, dans ce monde propice à l’ascèse, la majesté du lieu et la splendeur des paysages que l'on tutoie depuis de superbe belvédère récompensent amplement le commun des mortels de son harassante grimpette.
Plus prosaïquement, dans ce monde propice à l’ascèse, la majesté du lieu et la splendeur des paysages que l'on tutoie depuis de superbe belvédère récompensent amplement le commun des mortels de son harassante grimpette.
Temple de Borobudur, corridor décoré de bas-reliefs |
Temple de Borobudur, détail d'un bas-relief |
Temple de Borobudur, bas-relief représentant des musiciens |
Les portes délicatement sculptées et les escaliers du candi sont encadrées par 32 statues de lions montant la garde.
Selon les enseignements du bouddhisme, le lion est le symbole de la force et du courage, repoussant la mauvaise influence pour maintenir la sainteté des temples. Représentant des forces bénéfiques, il donc est censé chasser démons et mauvais esprits. Son rugissement représentant la "voix de la loi", le bouddhisme en fait gardien un gardien de la loi.
Temple de Borobudur, lion gardien |
A notre arrivée sur le site vers 4h30, toutes ses merveilles, enveloppées dans la nuit et la brume, nous sont quasiment invisibles. Portés par la promesse d'un instant magique, dans l'obscurité et munis de lampes de poche, nous gravissons l'un des quatre escaliers monumentaux situés au milieu de chaque face de la pyramide. Arrivés à proximité du grand stupa, nous nous installons, regard orienté vers l'est, et attendons impatiemment que le spectacle commence.
Non sans inquiétude, nous auscultons le ciel nuageux et nous demandons si la magie opérera réellement. Heureusement, nos craintes ne se confirment pas!
Avec le lever progressif du jour, la nature se réveille tandis que la jungle et les sommets environnants émergent peu à peu dans la pénombre et la brume matinale. Le ciel indécis se teinte alors de rose, d'orangé, de jaune ou encore de rouge. Soudain, le soleil perce au travers des nuages et apparaît au dessus de l'horizon. L'instant est tout simplement féerique. Une forte émotion nous envahit lorsque la lumière exquise et changeante du soleil fait rayonner les couleurs, caressent la pierre de ses rayons et joue avec les nuances, les ombres et les formes. Féerique...mais bref, on se situe ici juste en-dessous de l’équateur, et à cette latitude, le soleil se lève très vite. Borobudur s'évade alors de la nuit et nous dévoile toute sa splendeur au fur et à mesure que l'aube s'avance.
Au loin, des volutes de fumée s'échappent du cratère du Mont Mérapi.
Si Borobudur offre effectivement "son visage" la plus spectaculaire au lever du soleil, l'instant ne fut cependant pas aussi privilégié qu'espéré. L'accès n'étant pas limité, entre 150 et 200 personnes étaient présentes sur le site malgré l'heure matinale.
A cela, rien de bien gênant. Nous ne pouvons, en revanche, que nous offusquer du comportement de certains visiteurs dénués de savoir vivre et de respect. Les uns manquant totalement de discrétion tandis que les autres, souvent les mêmes d'ailleurs et au mépris des consignes des gardiens, escaladaient murs et stupas pour s'offrir les premières loges ou prendre le meilleur cliché. Scandaleux pour nous! À moins qu'il ne s’agisse d'une ultime épreuve sur le difficile chemin qui mène au nirvana.
![]() |
Lever de soleil à Borobudur |
![]() |
Lever de soleil à Borobudur |
![]() |
Lever de soleil à Borobudur |
![]() |
Lever de soleil à Borobudur |
![]() |
Lever de soleil à Borobudur |
![]() |
Lever de soleil à Borobudur |
![]() |
Vue sur le Mont Mérapi et ses volutes de fumée |
![]() |
Temple de Borobudur, les stupas |
![]() |
Vue générale du site de Borobudur |
Après le petit déjeuner proposé par l'hôtel cette fois, nous retrouvons Hartono. Il nous conduit sur les pentes du Mont Merapi. Haut de 2930 mètres, Gunung Merapi est considéré comme le volcan le plus actif et le plus dangereux d’Indonésie. Il rentre régulièrement en éruption depuis cinq siècles, la dernière datant du 11 mai 2018.
Lors de l'éruption de 2010, 353 personnes sont décédées, 577 personnes ont été blessées, 350 000 ont été déplacées. L'éruption la plus meurtrière est celle de 1930, 1 300 personnes ont alors perdu la vie.
A mi-chemin, au village de Kinahrejo, nous abandonnons notre monospace Toyota pour une Jeep. A son bord, nous effectuons une randonnée de 2 heures, sillonnant les pentes escarpées du volcan sur des chemins poussiéreux, jonchés de résidus de lave et de pierres volcaniques.
Lors de l'éruption de 2010, 353 personnes sont décédées, 577 personnes ont été blessées, 350 000 ont été déplacées. L'éruption la plus meurtrière est celle de 1930, 1 300 personnes ont alors perdu la vie.
A mi-chemin, au village de Kinahrejo, nous abandonnons notre monospace Toyota pour une Jeep. A son bord, nous effectuons une randonnée de 2 heures, sillonnant les pentes escarpées du volcan sur des chemins poussiéreux, jonchés de résidus de lave et de pierres volcaniques.
![]() |
Les nuages voilent rapidement le sommet du géant javanais. |
![]() |
Un paysage encore dévasté |
Pendant l'ère coloniale, le bunker de Kaliadem a été construit pour se protéger la population de la férocité du mont Merapi. Malheureusement, lors de l'éruption de 2006, deux personnes, aidant les habitants à évacuer leur village, ont été piégés par la lave incandescente et le nuage de cendres brûlantes qui, rapidement, recouvrent maisons, champs et rizières. Ils se réfugient alors à l'intérieur du bunker mais n'y survivent pas, celui-ci ayant été enterré sous 2,5 mètres de roche en fusion. Les secouristes ont conclu que les deux hommes avaient été tués par la chaleur estimée à environ 400°C.
Entrée du bunker de Kaliadem |
Au détour d'une piste, nous découvrons un énorme rocher projeté hors des entrailles du volcan lors de éruption survenue en 2010. Ce rocher est censé ressembler à la tête d'une créature extraterrestre, ce qui lui vaut le surnom de Batu alien. De loin, il s'apparente à une roche volcanique ordinaire, mais lorsque l'on l'approche, sous un certain angle, se dessine alors un visage tourné vers le haut avec les yeux, le nez, la bouche et les oreilles.
Batu alien |
Nous faisons une halte dans le hameau de Petung Hamlet à Kepuharjo, l'un des nombreux village détruits lors de l'éruption de 2010.
Un an après le drame, Sriyanto, le fils d'une famille du village a tenté de rassembler les restes de son patrimoine endommagé. C'est ainsi que les ruines de la demeure familiale furent transformées en un modeste petit musée connu sous le nom de Sisa Hartaku, "ce qu'il reste de nos biens", témoin silencieux de la férocité du Merapi et de l'impuissance des hommes face aux catastrophes.
Les vestiges calcinés ou fondus de nombreux objets personnels appartenant à la famille y sont exposés tels que livres, photographies, instruments de musique, mobilier, appareils ménagers, verres, assiettes, couverts, pièces de monnaie, vêtements, télévision, machines à coudre.
Rappel effrayant de cette sinistre journée du vendredi 5 novembre 2010, les aiguilles d'une horloge murale, retrouvée sous une couche de cendre, indique à jamais 0 h 5' 40'', heure à laquelle la maison a été pulvérisée.
A l’extérieur, on aperçoit des vélos et motos carbonisés ainsi que deux squelettes de vaches, soigneusement reconstitués, symboles des 374 vaches laitières anéanties à la suite de l'éruption.
![]() |
Vestiges de mobilier |
![]() |
À jamais 0 h5'40" |
Yogyakarta, n’est pas seulement située à proximité du plus célèbre des temples bouddhistes, Borobudur, mais aussi d’une autre merveille, le temple hindou dénommé Prambanan. Alors, lorsqu'en début d'après-midi, Hartono nous a demandé si nous souhaitions visiter Prambanan avant de reprendre le chemin du retour vers Yogyakarta, nous n'avons pas hésité une seconde.
Auparavant, Hartono a encore quelques trésors à nous faire découvrir. Nous faisons une première halte au temple Candi Sari édifié au milieu de cocotiers et de bananeraies. Candi Sari est un temple bouddhiste du VIIIe siècle situé à quelques kilomètres de Prambanan dans le village de Dusun Bendan.
Ce temple rectangulaire, haut de 17 mètres, est un beau bâtiment coiffé de 9 stupas, construit sur deux niveaux, mais dont le plafond en bois a disparu. Les murs extérieurs, percée de baies, sont richement décorés de divinités bouddhistes de taille humaine. Ces gracieuses représentations sculptées de Bodhisattvas (êtres ayant franchi tous les degrés de la perfection sauf le dernier qui leur fera acquérir l'état de bouddha) et de Tara (un bodhisattva féminin), sont au nombre de 36 (8 à l'est, 8 au nord, 8 au sud et 12 à l'ouest).
![]() |
Candi Sari |
Dans sa partie base, l'intérieur du temple est constitué de trois pièces. Les statues ont disparues mais sur certains murs, il subsiste des niches ornées de Kala-Makara, éléments décoratifs et symboliques très présents dans l'architecture ancienne de Java.
Candi Sari, Tête de Kala ornant une niche intérieure |
Dans cette pièce, les éléments décoratifs de l'entourage de la niche remontent depuis la queue des Makara, placés de part et d'autre de la base de celle-ci, jusqu'à la tête du Kala, qui orne son sommet.
![]() |
Candi Sari, Kala-Makara ornant une niche intérieure |
Candi Sari, Kala-Makara
Nous effectuons un second arrêt, au somptueux complexe de Plaosan, situé, au milieu de rizières, dans le village de Bugisan, à une quinzaine de minutes de Prambanan.
Edifié au milieu du IXe siècle, Candi Plaosan associe des éléments architecturaux bouddhiste et hindou. Selon la légende, il aurait été construit pour célébrer l'amour du roi hindou Rakai Pikatan à son épouse, la princesse bouddhiste, Sri Kahulunan.
L’enceinte de Candi Plaosan comprend deux sections, Plaosan Lor et Plaosan Kidul.
Plaosan Lor comprend deux temples quasiment jumeaux. Si ces derniers ont été restaurés, il en va différemment des 174 temples perwara (auxiliaires) qui les entourent. La plupart, des stupas et de sanctuaires, ne sont plus que d'énormes amas de pierre.
Plaosan Kidul a plus de stupas et les restes d'un temple mais là aussi peu de travaux de restauration ont été effectués.
Le temple Plaosan compte au total 326 temples perwara, parmi eux, quelques dizaines seulement ont été restaurés jusqu'à présent.
![]() |
Candi Plaosan , temples jumeaux |
Candi Plaosan, ruines, temples et stupa |
À Plaosan Lor, les bâtiments de deux étages et de trois pièces abritent d’impressionnants Bodhisattvas en pierre assis sur des trônes de lotus. Ils sont également décorés de têtes de kala-makara grimaçants finement sculptées. Les niches situées sous celles-ci abritaient autrefois des statues de Bodhisattvas.
Deux dwarapalas géants se tiennent devant chaque temple principal.
Les Dvarapalas ou Dvarapalakas sont des divinités gardiennes des portes des sanctuaires et monastères. Ces gardiens menaçants, fréquemment armés d'un serpent, d'une massue et d'une épée, ont pour mission pour d'effrayer et chasser les mauvais esprits. Ils entrent dans la catégorie des démons, Rakshasas, de la mythologie hindoue.
![]() |
Bodhisattva en pierre |
Statue Dwaralapa, gardien géant du temple de Plaosan |
Nous terminons nos visites de temples par celle du grandiose Prambanan, déclaré, en 1991, site du patrimoine mondial par l'UNESCO.
Moins connu que Borobudur, l’ensemble religieux de Prambanan, représente le plus grand complexe hindouiste d’Indonésie.
Situé au coeur d'une plaine volcanique, qui s'étend entre le pied du volcan Merapi au nord et les monts Sewu au sud, le complexe de Prambanan est vulnérable aux tremblements de terre et aux éruptions volcaniques
![]() |
Prambanan, Candi Lara Jonggrang |
Le destin de Prambanan est similaire à celui de son rival Borobudur. Certains historiens s’accordent d'ailleurs pour affirmer que Prambanan aurait été bâti pour concurrencer le monumental complexe bouddhiste, situé à environ 50 km!
Il était probablement destinée à commémorer le retour au pouvoir de la dynastie shivaïte Sanjaya dans le centre de Java après presque un siècle de domination de la dynastie bouddhiste Sailendra, et plus précisément la victoire de Rakai Pikatan sur Balaputra, dernier roi de dynastie Sailendra qui devint souverain de Srivijaya après sa fuite à Sumatra.
![]() |
Prambanan, Candi Lara Jonggrang |
Prambanan rassemble les édifices originels qui ont été construits au milieu du IXe siècle. Comme suite à des troubles politique au début du Xe siècle, de séismes et d’éruptions volcaniques du Mérapi voisin, la cour royale est transférée à l'est de Java par Mpu Sindok qui crée la dynastie après avoir été le dernier roi de la dynastie des Sanjaya. Commence alors le déclin de Prambanan qui est peu à peu abandonné puis envahi par la jungle environnante. Après des centaines d'années d'oubli, les temples ont été redécouvert, en 1733, par un explorateur Néerlandais, C. A. Lons. Si les premiers travaux de déblaiement ont débuté vers 1885, les véritables travaux de restauration ont commencés à compter de 1918. Ils se poursuivent en 1937 mais sont stoppés par l'avènement de la Seconde Guerre mondiale. L'ensemble Shivaiste est finalement inauguré en 1953. De nouveaux travaux reprennent en 1978 et 1982 et se poursuivent encore de nos jours.
![]() |
Arrivée à Prambanan, Candi Lara Jonggrang |
Lara Jonggrang, construit sous le règne de Rakai Pikatan, sixième roi du royaume de Medan (ou royaume de Mataram) et achevé en 856 de notre ère (778 Saka du calendrier hindou), est constitué de trois cours disposées concentriquement et centrées autour de la première cour, la partie la plus sacrée.
![]() |
Vue aérienne de Prambanan |
![]() |
Carte de l'enceinte du temple de Prambanan / Candi Lara Jonggrang |
Les Javanais dénomment
couramment Prambanan "Candi Lara Jonggrang", (orthographes
alternatives : Roro Jonggrang, Loro Jonggrang ou Rara Jonggrang, ce qui peut se traduire par vierge exaltée) du
nom d'une princesse dont la légende serait à l'origine de la
construction des temples de Prambanan (Voir infra).
Avec ses 240 temples, Candi Lara
Jonggrang, le complexe s'appelait à l'origine Shivgarh, la maison de
Shiva, constitue le plus grand temple au monde dédié à Shiva.
Au milieu
de l'enceinte sacrée, s'élèvent trois temples dédiés à La
Trimourti, la Grande Trinité du panthéon hindoue: Brahma,
le créateur, Vishnu, le conservateur de l'Univers et Shiva, le destructeur.
Avec 47,6 mètres de haut,
le temple de Shiva est le plus haut temple d’Indonésie.
Cette cour principale, outre les trois temples
principaux, renferme trois temples Vahana, positionnés devant
les temples Trimourti et dédiés aux animaux que
chevauchent Shiva, Vishnou et Brahma, respectivement le taureau
blanc Nandi, l'oiseau mythique Garuda, le cygne majestueux Hamsa, deux
temples Apit situés entre les rangées de temples Trimourti et
Vahana au nord et au sud, quatre temples Kelir situés sur
quatres directions cardinales et quatre temples
Patok, petits sanctuaires situés aux quatre coins de la zone
intérieure. Dans la seconde cour, se concentrent 224 temples Perwara (temples auxiliaires). A
l'exception de deux temples, ils sont malheureusement et encore à l'état de
ruines.
![]() |
Prambanan, Candi Shiva: Ganesha , fils de Shiva à tête d'éléphant |
Des bas-reliefs, situés au bas des temples, narrent l’épopée du Ramayana. De quoi être ébloui par la beauté monumentale et architecturale shivaïste ! Il convient de les admirer en partant de la porte orientale et en poursuivant dans le sens des aiguilles d'une montre jusqu'au temple de Brahma.
![]() |
Prambanan, Candi Vishnu |
![]() |
Prambanan, Candi Vishnu |
![]() |
Prambanan, tête de Kala ornant un linteau de porte |
Bien que les temples de Prambanan aient été longtemps abandonnés et ensevelis par la jungle, ils n'ont jamais été complètement oubliés. Le mythe d'origine populaire chez les Javanais qui raconte l'histoire de Lara Jonggrang, se déroule à Prambanan. Comme la plupart des histoires racontées dans la tradition orale, de nombreuses variantes existent, mais sa conclusion est généralement la même.
"Dans la Java féodale, Pengging était prospère et gouverné avec sagesse par le bon roi Prabu Damar Boyo, qui avait un fils nommé Bandung Bondowoso. En revanche, Boko était dirigé par un un roi demi-démon, courroucé et cruel, le géant Prabu Boko, soutenu par un autre géant, Patih Gupolo. En dépit de son apparence pour le moins déplaisante, Prabu Boko avait une fille, immensément belle, nommée Lara Jonggrang.
Un jour, l'avide Prabu Boko souhaitant élargir son royaume commença à former une armée et à lever des impôts pour une invasion de Pengging. Ses forces lancèrent une attaque surprise sur Pengging et la guerre qui en résulta provoqua dévastation et famine dans les deux royaumes. Afin de vaincre l'envahisseur, Prabu Damar Moyo envoya son fils Bandung Bondowoso combattre Prabu Boko. Après une terrible bataille, Prabu Boko fut tué par le jeune prince, doté de pouvoirs surnaturels.
Vaincu, son assistant, le géant Patih Gupolo, se replia, avec ses armées, loin du champ de bataille.
De retour au palais de Boko, Patih Gupolo informa la princesse Lara Jonggrang de la mort de son père. Avant qu'elle n'ait eu le temps de se remettre de son chagrin, l'armée de Pengging assiégea et s'empara du palais. Le prince Bandung Bondowoso, fasciné par la beauté de la princesse en deuil, la demanda en mariage. La princesse, le cœur brisé, ne pouvant épouser le meurtrier de son père, rejeta la proposition sur le champ. Finalement, confrontée à l'insistance du prince, Lara Jonggrang consentit à cette union à contrecœur mais lui lança un défi apparemment irréalisable: creuser un puits et construire un complexe d'un millier de temples en une nuit.
Follement amoureux, Bandung Bondowoso accepta la demande et commença immédiatement à travailler sur le puits. Utilisant à nouveau ses pouvoirs surnaturels, le prince termina rapidement la construction et présenta fièrement son travail à la princesse. Elle l'invita alors à pénétrer dans le puits afin d'en mesurer la profondeur. Lorsqu'il fut au fond du puits, Patih Gupolo y jeta des pierres et l’enterra vivant. Toutefois, grâce à ses pouvoirs magiques, Bandung Bondowoso s'échappa mais son amour pour la princesse était si fort qu'il lui pardonna, convaincu qu'il pouvait encore gagner son coeur.
Pour remplir la seconde mission, le prince entra en méditation et demanda l'aide d'une multitude d'esprits et de démons nocturnes. Grâce à cette intervention, le complexe émergea avec une rapidité incroyable. Mais alors qu'il achevait la construction du 1000e et dernier temple, craignant de devoir épouser le prince, Lara Jonggrang alluma un énorme feu de foin à l'est du palais puis ordonna à ses servantes de commencer à pilonner le riz du petit-déjeuner, activité traditionnelle de l'aube. Dupés par la lueur du feu et le bruit du pilonnage, les coqs se mirent à chanter et les esprits démoniaques s'enfuirent du chantier, laissant le dernier temple inachevé. Lara Jonggrang avait désormais une raison de rejeter son prétendant.
Furieux quand il découvrit la supercherie, Bandung Bondowoso lança un sort à la princesse qui se transforma immédiatement en une statue de la déesse Durga, devenant ainsi le dernier élément nécessaire à l'achèvement du 1000e temple et permettant ainsi de remplir les conditions du mariage"
Dans l'enceinte sacrée du temple principal de Prambanan, Candi Lara Jonggrang, et plus précisément dans Candi Shiva, nous pouvons, aujourd'hui encore, admirer la statue de Durga.
![]() |
Prambanan, Candi Shiva: Déesse Durga |
![]() |
Prambanan, Lion sur la base du temple de Shiva |
![]() |
Prambanan, perroquets sur la base du temple de Garuda |
![]() |
Prambanan, Candi Nandi, Nandi, monture de Shiva |
Tout au long de son histoire, nous l'avons déjà mentionné, Prambanan a connu plusieurs destructions : incendies, tremblements de terre, etc., mais c’est probablement les tremblements de terre de 2006 et 2010 qui ont laissé le plus de séquelles. Actuellement, le site est encore en restauration et de nombreux petits temples sont toujours éboulés.
![]() |
Prambanan, séquelles des tremblements de terre |
Après avoir quitté la zone des temples de Lara Jonggrang , nous continuons à marcher pendant une dizaine de minutes à travers un parc paisible avant d'atteindre le secteur des temples de Bubrah, Lumbung et Sewu. Beaucoup plus petits que ceux de Lara Jonggrang, ces édifices sont, pour certains, très sévèrement endommagés.
Ici, on ne croise pas grand monde, rares sont les touristes qui effectuent ce déplacement. La majorité des visiteurs de Prambanan ne se soucient, ou ne connaissent, que l’immense et magnifique temple de Lara Jonggrang et délaissent ces sanctuaires "secondaires".
Quel dommage pour eux mais quel bonheur pour nous que de pouvoir admirer, en toute quiétude, ces trésors architecturaux, témoins de la grande civilisation qui régnait autrefois sur ces terres de Java.
![]() |
Prambanan, Candi Bubrah |
![]() |
Prambanan, Candi Bubrah, statue de Bouddha sur lotus |
![]() |
Prambanan, Candi Lumbung |
Si Candi Sewu signifie en javanais "les milles temples", Ce complexe de temples bouddhiques, qui couvre un espace rectangulaire de 165 x 185 mètres, n'en compte pourtant que 257. Ces édifices, comme à Borobudur, sont disposés selon un plan de mandala exprimant la cosmologie de l'univers du bouddhisme Mahayana.
A l'origine, 248 temples perwara, dont beaucoup ne sont plus que des ruines, étaient disposés sur quatre rangées rectangulaires concentriques autour du temple principal, un bâtiment majestueux en forme de croix construit en pierre volcanique de type andésite, édifié au milieu une cour pavée. Une paire de temples perwara, plus importants, se faisaient également face à chacun des points cardinaux, entre les 2e et 3e rangées.
Antérieur de quelques dizaines d'années à ces glorieux voisins Lara Jonggrang de Prambanan et Borobudur, Candi Sewu date de la fin du VIIIe siècle. Il a probablement été construit, à la fin de son règne, par Rakai Panangkaran, un roi de la dynastie des Mataram, puis agrandi par Rakai Pikatan.
D'importants travaux de restauration aient été entrepris par le gouvernement indonésien entre 1981 et 1993 mais lors du séisme de 2006, de nombreuses parties se sont à nouveau éboulées.
Du fait de l'action conjuguée du pillage, du vandalisme, de l'épreuve du temps et des forces de la nature, de nombreuses statues et ornements sculpturaux ont aujourd'hui disparu. En revanche, les statues jumelles de Dvarapala, érigées aux quatre points cardinaux, gardiennes des entrées du temple, sont presque intactes.
La proximité de Candi Sewu et de Lara Jonggrang témoignent de la coexistence relativement harmonieuse des cultes bouddhique et hindouiste à Java durant la période classique (Les historiens de l’Indonésie dénomment "classique" ou "hindou-bouddhique" la période allant du Ve siècle au XVe siècle après JC). L’Indonésie d'alors étaient déjà empreinte de tolérance religieuse.
![]() |
Prambanan, Temple bouddhique de Sewu et l'un de ses couples de gardiens Dvarapala |
![]() |
Prambanan, Candi Sewu, un Dvarapala |
![]() |
Prambanan, Candi Sewu, bas-relief |
![]() |
Prambanan, Candi Sewu
A proximité de la sortie du complexe, un petit parc animalier accueille de nombreuses biches et des faons.
|
![]() |
Candi Prambanan, au centre le temple de Shiva |
Qui dit temples dit marches par dizaines, de plus, elles sont fréquemment très hautes, nous repartons vers Yogyakarta sur les rotules...
11 juin 2018
Notre première visite du jour est celle du Keraton, situé dans le centre de la ville de Yogyakarta. De son vrai nom, Kraton Ngayogyakarta Hadiningrat, il a conçu et construit entre 1755 et 1790 par le Sultan Hamengku Buwono I.
Centre spirituel et royal de Yogyakarta, Protégées derrière une enceinte carrée en briques rouges d’un kilomètre de coté, de 3 mètres de haut et de 4 mètres d’épaisseur se cachent de vastes places, cours, quartiers d’habitation des serviteurs de la cour et de la famille royale. On y trouve le palais du sultan et ses cours successives aux élégants pavillons. Le plan du Kraton reflète les préceptes de la cosmologie indo-javanaise. Au nord, il fait face au majestueux Mont Merapi, au sud, à l'océan Indien, considéré comme la demeure de Ratu Loro Kidul Kanjeng, la reine des mers du Sud et l'épouse mystique de Senopati, roi de Mataram. Ce complexe est composé d'élégant de pavillons construit selon les croyances anciennes. Chaque élément du complexe, des cours aux arbres a ainsi une signification symbolique particulière liée à la vision sophistiquée du monde qu'ont les javanais.
Sur le plan architectural, il y a des éléments bouddhistes, islamiques et hindi. Le teck est à l’honneur, on y a sculpté les portes, les balcons et les pilotis des pavillons "bangsal", les sols sont recouverts de dalles de marbre.
Si le dixième Sultan de Yogyakarta, Hamengku Buwono X, y réside encore périodiquement avec sa famille, le palais est aussi le centre de la culture javanaise.
Yogyakarta, Kraton Ngayogyakarta Hadiningrat, Porte de Donopratono |
Yogyakarta, Kraton Ngayogyakarta Hadiningrat, Pavillons de la section centrale |
Yogyakarta, Kraton Ngayogyakarta Hadiningrat, kiosque à musique |
Yogyakarta, Kraton Ngayogyakarta Hadiningrat, serviteurs du palais |
Hartono nous propose ensuite une rencontre avec des artisans dans un atelier de fabrication traditionnelle de batik.
Artisane dessinant les motifs d'un batik |
A quelques pâtés de maisons du Kraton, nous découvrons un autre palais: Taman Sari (jardin parfumé). De ce palais d'agrément un peu vieillot, créé par le premier sultan, il ne subsiste que l'espace balnéaire.
Yogyakarta, porte principale de l'espace balnéaire de Taman Sari |
Yogyakarta, espace balnéaire de Taman Sari |
Une partie du site est aujourd'hui transformé en village d'artistes.
Yogyakarta, fabricant de marionnettes wayang kulit |
Nous relions Kasongan, un village des faubourgs de Yogyakarta où se concentrent des dizaines de d'ateliers de poterie et de céramique. De talentueux artisans y créent des ustensiles de ménage et de cuisine, des vases, des assiettes mais aussi des sculptures, des matériaux pour les maisons (carreaux muraux sculptés, ornements de faîtage,..)
Kasogan, chez un artisan potier, éléments de faîtage |
En fin de journée, avec un regret certain, nous faisons nos adieux à Hartono qui fut, durant trois jours, un chauffeur prudent, prévenant et discret mais surtout un merveilleux guide et compagnon de voyage.
12 juin 2018
Réveil à 4h30, notre train pour Surabaya, distante de 310 km, part à 6h45.
Nous rejoignons la gare en taxi, les commerçants ont déjà pris place sur le marché voisin de notre hôtel et la circulation infernale déjà de la partie. Il fait 25 degrés.
Nous quittons Yogyakarta à l'heure prévue. Tout au long du voyage, nous contemplons des plaines verdoyantes dominées par des volcans. Nous croisons nombre d'agriculteurs travaillant manuellement dans les rizières et traversons de nombreux villages aux habitats modestes, aux parois de briques ou de bambous, parfois peintes de couleurs vives et couvertes de tôles ou de tuiles.
Notre train entre Yogyakarta et Surabaya |
Maison le long de la voie ferrée |
Arrivés à Surabaya à 12h00, nous disposons de 2 heures avant de reprendre notre chemin pour Banyuwangi, terminus de notre périple du jour, 7 heures de train plus tard.
Enfant regardant notre train |
Les espaces boisés sont plus fréquents, les mosquées, très colorées, plus belles les unes que les autres. La nuit tombent brutalement vers 17h30 et avec elle intervient la rupture du jeûn. La majorité des passagers, surtout les plus petits, a hâte d'arriver à destination.
Et bien quel périple !!! Votre emploi du temps paraît effectivement bien rempli et riche de rencontres. J'ai l'impression qu'il y a suffisamment de choses à voir pour toute une vie, continuez à en faire profiter vos mirettes !
RépondreSupprimerAurore