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Bali, des dieux, des démons et des hommes




16 juin 2018


Pura Besakih, le temple mère de Bali, tours meru


Aujourd'hui, Edi nous fait prendre de la hauteur en nous conduisant au complexe hindouiste de Besakkih, le "temple mère" de Bali, bâti sur le flanc occidental du majestueux mont Agung, à l'est de l’île. Culminant à 3142 mètres, au cœur d’une région densément peuplée et intensément cultivée, le volcan Agung est le plus haut sommet de Bali.
Le mont AgungGunung Agung, en indonésien, est un stratovolcan toujours actif. Lors de sa dernière grande éruption, en 1963 après un sommeil de 120 ansdes colonnes éruptives s'élevèrent à près de 20 kilomètres d'altitude. La colère du volcan, qui dura du 18 février 1963 au 27 janvier 1964, sema la désolation dans un rayon de 13 kilomètres autour de son cratère. Lors de l'éruption phénoménale du 17 mars 1963, l'île plongea dans un nuage de poussière. La combinaison de retombées de cendres et de scories, d'écoulements pyroclastiques ("avalanche" ardente de cendres chaudes, de ponces, de fragments de roches et de gaz volcaniques) et de lahars (coulées boueuses volcaniques) tua près de 1600 villageois par asphyxie, brûlures voire ensevelissementbroya des dizaines de milliers d'habitations, dévasta 50 000 hectares de terres et décima le bétail, principale source de revenus dans la région. Ces éruptions ont été accompagnées d'un intense activités sismiques.
Le nuage de cendres se déplaça vers l'ouest, couvrant tout Java. L'épaisseur de la couche atteignit 50 centimètres sur les pentes d'Agung, 0,1 centimètre à Jakarta à 1000 kilomètres de là. 
Cette éruption eut "un impact important sur le climat de la terre avec un refroidissement de 0,2 à 0,4 degré, selon les zones", rappelle le volcanologue Patrick Allard (France Info, 27 novembre 2017).
Depuis septembre 2017, le volcan est de nouveau très menaçant, réveillant les souvenirs cauchemardesques de 1963 puis provoquant, en novembre 2017, l'évacuation de plus de 125 000 personnes et la fermeture de l 'aéroport international Ngurah Rai, près de Denpasar.

Actualisation juillet 2019
Gunung Agung est de nouveau entré en éruption le 28 juin 2018 puis le 24 mai 2019. Lors de cette dernière éruption, il a craché de la lave et des pierres dans un rayon d'environ 3 kilomètres autour du cratère, et de la cendre a été répandue sur des dizaines de villages.

 
Le réveil du volcan Agung , © photo AFP novembre 2017


Le réveil du volcan Agung , © photo BlackGrid mai 2019


Gunung Agung est surtout une montagne sacrée, la plus révérée de l'île, puisque considérée comme la demeure des dieux. Cette montagne représente pour les Balinais, ce que l'Olympe représentait pour les Grecs anciens. Agung est également source de bénédiction et de l'eau nécessaire à la vie. Son importance est si profonde dans la vie de chaque balinais, qu'ils orientent leurs maisons, leurs temples et même leurs lits vers kaja (kaja, direction de la montagne, par opposition à kelod, direction de la mer).



Pura Bekasih, le sarong est de rigueur.  En arrière plan, Gunung Agung


Juché à 1000 mètres d'altitude, Pura Besakih est un gigantesque et impressionnant complexe de temples hindouistes, le plus important de Bali et de l'Indonésie. Le temple aurait été fondé au VIIIsiècle et se compose de plus de 200 édifices. 
Pura Besakih a attiré l'attention sur le monde en 1963 lorsque le temple a survécu à l'éruption dévastatrice du mont Agung alors que s'y déroulé la plus importante des célébrations balinaise, la fête d'Eka Dasa Rudra,un rite de purification de l’univers qui a lieu tous les 100 ans. Cette catastrophe eut une portée prophétique et politique considérable. Un profond désaccord, au sujet de la date la plus propice pour organiser le rite sacrificiel, s'était fait jour entre les prêtres. Sous la pression politique, et alors que le comportement du volcan se faisait de plus en plus menaçant, les cérémonies furent maintenues.  
Les Hindouhistes balinais interprétèrent l'étrange coïncidence comme une vengeance des dieux, descendus à Pura Besakih pour semer le chaos sur la terre, fâchés du peu de sérieux avec lequel la date d'Eka Dasa Rudra avait été déterminée. La sauvegarde du temple, considérée comme miraculeuse par le peuple balinais, renforça encore la ferveur des fidèles.
Les célébrations de 1963 ayant finalement été interrompue, une seconde cérémonie se déroula en 1979
Ce lieu saint se mérite, il y a énormément de marches à grimper avant d'atteindre son sommet. Mais là-haut, récompense suprême, la vue sur le littoral, la vallée, les temples et les tours meru est tout simplement à couper le souffle.


Pura Besakih, vue vers le littoral depuis un candi bentar (portail en 2 parties)

Pura Besakih, vue sur les temples

Les meru sont des tours de bois richement sculptées. Coiffées de toits de palmes noires superposés elles symbolisent le mythique mont Meru, résidence des Devas et axe du monde. Ces toits sont toujours en nombre impair et leur nombre varie en fonction de la dignité du dieu auquel est dédié le temple. Le meru le plus haut, onze étages, est réservé au Gunung Agung et à Shiva, Brama et Vishnou devant se contenter de neuf étages.


Pura Besakih, tours meru

Pour les Balinais visiter ce lieu est essentiel car il constitue le principal centre spirituel de l'île. Ils y viennent donc régulièrement en pèlerinageImpossible de ne pas être impressionné, par les processions d'hommes et de femmes. Ces dernières, revêtues de leurs plus belles kebaya (robe traditionnelle), une petite ceinture nouée autour de la taille, avancent  au rythme des percussions et portent sur leur tête de magnifiques gebogan, offrandes en forme de cône où s'empilent fruits, fleurs, poulet cuit, petites pyramides de riz, noix de coco râpée, arachides grillées, gâteaux sucrésCependant, selon le but recherché, ces objets ne sont pas toujours combinés et certains gebogan ne sont composés que de fleurs ou de fruits.


La mère et l'enfant




Parmi les temples de Besakih, trois se démarquent, chacun ayant été construit pour honorer une divinité hindoue spécifique. Le Pura Penataran Agungau centre, est le plus vaste et le plus important, construit sur 6 niveaux épousant la pente, il est dédié à ShivaSur la droite, Brahma est honoré dans le Pura Kiduling Kreteg tandis que, sur la gauche, le Pura Batu Madeg voue un culte au dieu Vishnu.
A moins d'y avoir été invités, les touristes ne pénètrent pas dans les temples, ouverts aux seuls pèlerins, mais peuvent entrevoir les cérémonies depuis les portes d'entrée.


Pura Bekasi, cérémonie

Pura Besakih, arrivée d'une porteuse d'offrandes


Pura Besakih, séance photos avec des fidèles

Besakih est ouvert du lever au coucher du soleil. Le billet d’entrée coûte actuellement 60.000 IDR /personne. Le port du sarong est de rigueur mais sa location est incluse dans le prix tout comme le trajet en scooter pour la montée et le guide plus ou moins anglophone. Il est possible de ne pas prendre le sarongs, le scooter ou le guide mais le tarif  restera identique.
Confronté à la mauvaise réputation du temple qui l'a fait sortir des circuits standards et la fuite des touristes, les autorités ont récemment réagi et réorganisé l’accès au temple pour l'accueil s'effectue dans de meilleurs conditions que précédemment.
Le résultat est probant. Contrairement à ce que nous avions pu lire ça et là, hormis quelques enfants, vendeurs de cartes-postales, nous n'avons, durant notre visite,  déploré aucun harcèlement, aucune tentative d’extorsion financière. Vide d'occidentaux, les éruptions récentes du volcan ayant vraisemblablement diminué le nombre de visiteurs, nous avons parcouru le site, dans d'excellentes conditions et nous ne regrettons nullement le déplacement. 

Sortis du temple, nous nous dirigeons vers le village de Penglipuran, l'un des plus anciens de l'île (vers le VIIIème siècle ap.JC), situé à environ 700 mètres au dessus du niveau de la mer, dans la régence de Bangli et sur la route du volcan Batur à l'est de Bali.
En plein coeur de la campagne balinaise, ce pittoresque village, remarquablement entretenu, est un musée à ciel ouvert qui a su préserver son charme d'antan. Aucun véhicule n'y circule, de vastes espaces de stationnement sont disponibles à proximité de l'entrée du site.
Une rue principale, linéaire et pavée de pierre, traverse le centre du village. Elle est bordée de maisons qui, par leur cohérence architecturale, semblent quasiment identiques. 
À l'extrémité nord du village se trouve  le temple de Pura Penataran dédié à Brahma, créateur de la terre et de chaque vie sur terre.


Penglipuran, la rue principale


Penglipuran, la rue principale ornée de penjor


Le village respecte la philosophie du Tri Hita Karana de l’hindouisme balinais.
Selon le Docteur I. W. Mertha Sutedja, "la philosophie du Tri Hita Karana (les trois raisons du bonheur)incarne des valeurs universelles et représente des relations humaines harmonieuses et équilibrées avec l'environnement spirituel, social et naturel afin de parvenir au bien-être spirituel et physique. C'est-à-dire, d'homme à dieu, d'homme à homme et d'homme à nature » (I. W. Mertha Sutedja, Tri Hita Karana and world peace: Bali Hinduism philosophy of life, Pernerbit Paramita, 2012 [1967]

  • Harmonie avec Dieu, Parhyangan (le monde divin)
L'hindouisme constitue la pratique spirituelle dominante de l’île, 90% de ses habitants s'en revendiquent.
Mêlant philosophie indienne des origines, bouddhisme et croyances indigènes animistes, l'hindouisme Balinais est un mélange complexe. La spiritualité est un mode de vie à Bali. Prier est l'affaire de chacun. Si la prière s’accommode d’une multiplicité de dieux, la nature n'est jamais oubliée. Ici, sans surprise, prier peut prendre de multiples atours, mais à chacune de ces requêtes divines on aura toujours des grains de riz, de l’eau lustrale et de l’encens (dupa) à disposition, sans oublier un joli agencement floral et une présence d’un symbole divin (prêtre, autel, temple, statue, roche sacrée, etc.). Ces cinq éléments fondamentaux sont aussi indissociables pour une bonne prière que les cinq doigts le sont pour la main. (Franck Michel, Prier à Bali, Bali autrement , avril 2012)
Le lien avec l'environnement naturel et les ancêtres est également très étroit. L’île et la mer sont supposées être peuplées de créatures surnaturels, d'esprits et de démons. Les Balinais sont persuadés qu'une bonne relation avec les dieux est indispensable et que si on les oublie, ils seront fâchés avec les hommes. Ils croient également que de nombreux objets ou composantes de la nature, statues, instruments de musique, arbres, roches par exemple, sont habités par un esprit. Ils sont alors entourés de tissu de différentes couleurs, le plus commun étant celui à carreaux noirs et blanc (saput poleng). Ainsi habillés, ils deviennent sacrés et se distinguent alors des autres. Quotidiennement des offrandes leurs sont offertes. 
S'il existe une coutume qui enchante les visiteurs de Bali, ce sont les canang sari, petites offrandes qui se présentent sous la forme de barquettes en feuille de palmier tressée, remplies de riz, de fleurs, de nourriture, de cigarettes et d’encens. Déposées chaque matin, elles constituent un acte de gratitude et de remerciement pour les bienfaits de la vie. On en trouve partout, sur les trottoirs, sur le sable de la plage,...mais si vous en piétinez une au sol ne vous inquiétez pas, ce n'est pas très important, seul compte l'acte de déposer l'offrande, ensuite, que oiseaux, chiens et chats s'en nourrissent, ou que le vent les éparpille n'a aucune d'importance. Elles seront balayées et remplacées par d'autres dès le lendemain.



Canang sari 

Conformément au premier principe du Pancasila qui exige le culte d’un dieu unique, lhindouisme Balinais, Agama Hindu Dharma, revendique un caractère monothéiste. Si les Balinais vénèrent une multitude de dieux qui se manifestent chacun sous différentes formes, parfois positives, parfois négatives, ces derniers ne sont en réalité que les diverses représentations de la réalité ultime et émanent de l'entité divine suprême et unique, Sang Hyang Widdhi Wasa, également connu sous le nom d'Acintya.
La religion occupe donc une place considérable dans le quotidien des Balinais et  Bali mérite bien son surnom d''île des dieux. La présence du sacré y est incessante, visible dans les rues, elle rythme quotidiennement la vie des habitants. Chaque journée est ponctuée de prières,  d'offrandes, de rituels sacrés (yadnya). Bali regorge de temples hindouistes sacréstous différents des uns et des autres. Aucune difficulté également à repérer la multitude d'autels placés à proximité d'un arbre, d'une rivière, au coeur d'une rizière ou encore à l'intersection d'un carrefour afin d'apaiser les mauvais esprits.  
Toutes les manifestations de la nature et de la vie sont ici spiritualisées et donnent lieu, pour le plus grand plaisir de nos yeux, à d'innombrables cérémonies, rites et fêtes en tenues traditionnelles afin de maintenir le fragile équilibre entre forces démoniaques et divines . 



Penglipuran, incontournable pose à l'indonésienne devant l'entrée du temple "Pura Penataran" 


Penglipuran, sanggah cucuk


Penglipuran, sanggah kemulan, sanctuaire domestique


Penglipuran,  Statues habillées

Lorsque vous visitez Bali, vous remarquez l'omniprésence de penjor, hautes perches de bambou finement décorées, qui, érigées à droite de l'entrée de chaque édifice et demeure hindous, bordent les rues
Il en existe de deux sortes. Les penjors sacrés, qui sont dressés lors des cérémonies importantes du calendrier hindou (Galungan et Kuningan notamment) et les penjor décoratifs. uniquement utilisés à des fins esthétiques.
L'ornement d'un penjor sacré, diffèrent selon les familles. Il est constitué de janur (jeunes feuilles de cocotiers), de pala bungkah (tubercules ou racines: patates douces, manioc,...), de pala gantung (fruits: banane, noix de coco, ananas , oranges, concombre..), de pala wija (Céréales: mais, riz,...), de plawa (feuilles autres que le janur),  de canne à sucre, de paille de rizde onze pièces chinoises, de morceaux de tissu coloré, de petits gâteaux traditionnels. Un sampian penjor, composé de feuilles de noix de coco ou de palmier, ainsi que de fleurs, se balance à son extrémité.
Gracieusement incurvé dans sa partie supérieure, le penjor symbolise le mont Agung. Chacune de ses parties et chacun de ses ornements a une signification religieuse profonde.
Un petit oratoire, également en bambou, sanggah cucuk, où les balinais placent des offrandes, est accroché sur la partie basse du mât.
Le penjor exprime la dévotion et le respect des balinais envers les dieux du panthéon hindouiste afin de les remercier de leurs bienfaits et de recevoir leur bénédiction.


Penglipuran, penjor et sampian penjor

  • Harmonie avec les hommes, Pawongan (le monde des hommes)
Pawongan peut revêtir deux acceptions: rituel et pratique.
Selon la première, Pawongan couvre les nombreuses cérémonies des rites de passage qu'un Balinais doit traverser durant sa vie terrestre: l'éducation, l'âge adulte et la constitution d'une famille, la retraite et enfin la totale dévotion spirituelle à l'approche de la mort.
Selon la seconde, Pawongan signifie être une personne vertueuse dans le cadre de sa vie personnelle et sociale. Les Balinais accordent une importance majeure à la communauté et à l'amitié. En tant qu'animaux sociaux, les humains sont inadaptés à la vie solitaire. Développer une relation harmonieuse avec son prochain, s'entraider, travailler avec d'autres personnes ou d'autres communautés pour le bien-être commun constituent des contributions essentielles à la prospérité et au développement de la société.
Par ailleurs, selon la croyance locale, tout édifice est doté d'une âme. Dès lors, il devient impératif qu’humains et bâtiments soient en parfaite harmonie afin d'obtenir un équilibre entre eux. Dans cette perspective, la conception, l’organisation spatiale et la construction des bâtiments s'inscrivent dans cette logique et doivent être conformes aux procédures décrites dans de volumineux traités d'architectures. Ces traités s'apparentent à de véritables cahiers des charges symboliques fixant les règles à la fois précises et complexes relatives aux différentes étapes de la construction ainsi qu'aux rituels s'y attachant.
Le village traditionnel de Penglipuran est à cet égard une parfaite illustration de cette recherche d'harmonie "hommes / bâtiments". L'architecture balinaise authentique y a été superbement préservée. 
Les maisons sont construites sur un terrain spacieux, entouré d'un muret de protection appelé "Alling-Alling". Ce muret est percé d'une porte d'entrée, théoriquement unique. Au delà de cette porte sculptée, angkul-angkulse dévoile le complexe familial organisé autour d'un harmonieux jardin, magnifiquement fleuri le plus souvent.
De nombreux habitants, nous invitent à pénétrer dans leur propriété et nous guident pour une visite des lieux.  
La pierre, le bois, le bambou, la fibre de palmier et le roseau constituent les matériaux principalement utilisés pour l’édification des maisons. 
Une maison balinaise se compose de plusieurs pavillons dont le nombre dépend de l’effectif de la famille. Chaque pavillon est dédié à une activité et obéit à des règles d’orientation strictes. En périphérie de la zone d'habitation, sont édifiées la cuisine, les espaces de service et, la cas échéant l'enclos dédié à l'élevage.
Tout complexe domestique dispose d'une partie sacrée dédiée au temple familial, domaine des dieux et des ancêtres.


Penglipuran, maison traditionnelle


Penglipuran, espace familial dédié au sommeil


Penglipuran, pavillons au sein d'un complexe familial


Penglipuran, vieille villageoise


Penglipuran, natah, la cour centrale de l'enclos familial


Penglipuran, enclos dédié à l’élevage


  • Harmonie avec la nature, Palemahan (la terre)
La relation de l'homme avec la nature est aussi ancienne que le monde. Toute chose provient de la nature, L'homme, enfant de la terre nourricière, doit donc se répéter qu'il doit tout à la nature.  Tant que l'homme vit en harmonie avec elle, il mène une vie heureuse et épanouissante. Si, par égoïsme, il la détruit, s'il choisit de mener une vie dépourvue de tout environnement naturel, son harmonie avec la nature se brise et il doit faire face à des calamités de différentes ampleurs. Un jour, la nature cesse d'offrir ce qu'elle possède et, comme les dieux, se met en colère. Tôt ou tard, elle rétablit l'équilibre. 
Pour les Balinais, le hasard n’a pour ainsi dire pas sa place, chaque événement a une explication qui permet de mieux l'accepter. Ainsi, comme en 1963, la récente éruption du Mont Agung est perçue comme une manifestation des dieux envers les hommes afin de les punir de leur mauvais comportement envers la nature. C'est pourquoi, soucieux d'apaiser la colère des dieux, le 5 octobre 2017 à midi, les Balinais ont prié afin de de solliciter leur pardon et pour tenter d'apaiser la colère de la montagne sacrée. 


Penglipuran, plantation de bananiers

Le village de Penglipuran possède une importante et splendide forêt de bambous sacrés qui est en fait un ensemble de propriétés individuelles.
A Bali comme dans toute l'Indonésie, le bambou est très utilisé pour les bâtiments, les toitures, les échafaudages et aussi la fabrication de paniers à offrandes, sokasi banten, spécialité du village. 
Toujours dans le domaine spirituel, les récipients en bambou préserverait la pureté des eaux lustrales tandis que pour les sacrifices d'animaux, les prêtres utilisent des couteaux taillés dans un bambou vert, tranchant comme une lame de rasoir.


Penglipuran, forêt de bambous


Penglipuran, paniers à offrandes, sokasi banten


Penglipuran, papayes

Dans l'hindouisme, le symbolisme des formes et les couleurs des fleurs sont très importants. On n'offre que des fleurs épanouies qui évoquent l’épanouissement de notre personnalité ou des pédales de fleurs qui figurent nos pensées positives.
Dans la composition des Canang sari, les fleurs ont une signification bien précise:
  • Les fleurs blanches, qui pointent vers l'est, symbolisent Iswara.
  • Les fleurs rouges, qui pointent vers le sud, symbolisent Brahma.
  • Les fleurs jaunes qui pointent l'ouest, symbolisent Mahadeva.
  • Les fleurs bleues ou vertes, qui pointent vers le nord, symbolisent Vishnou
Bali a aussi sa fleur emblématique, une fleur au parfum envoûtant, celle du frangipanier ici connu sous le nom de "jepun". Elle est de toutes les cérémonies, elle est utilisée pour indiquer la loyauté, la pureté du coeur lorsqu'on prie Sang Hyang Widi Wasa et sa lumière sacrée mais aussi les ancêtres.


Fleurs de frangipanier

L'eau est également très présente. Essentielle à la vie, elle l'est aussi dans l'hindouisme balinais, parfois surnommé "Agama Tirta ", religion de l'eau sacrée. 
Il n'y a pas de rituel sans eau. Source de prospérité et symbole de pureté, l'eau est vénérée pour son potentiel mystérieux, son pouvoir de faire pousser des choses et comme vectrice de la régénération spirituelle. Comparable à l’eau bénite des chrétiens, spécialement recueillie et « préparée » sous les auspices de grands prêtres, l’usage de l’eau sacrée joue un rôle primordial dans de nombreuses cérémonies et dans les actes de purification. Entre autres faculté, elle est, par aspersion, supposée repousser les énergies négatives présentes dans le corps, le cœur et l'esprit.
Depuis plus d'un millénaire, les hindouistes balinais se rendent ainsi pour une purification rituelle au temple aux eaux sacrées de Tirta Empul, situé dans le village de Manukaya à une trentaine de minute en voiture au nord d'Ubud.


Penglipuran, lis écarlate

Avant de rentrer à Sanur, nous faisons un détour jusqu'au village de Penelokan au coeur des montagnes de Kintamani, colonisées par une végétation luxuriante.
Penelokan signifie "endroit où regarder". Situé à environ 1400 mètres d'altitude, le village lui-même a peu de charme. En revanche, son balcon naturel est un spot idéal pour embrasser le somptueux panorama sur la caldeira du volcan Batur. 
Le fond de cette vaste dépression est occupée par le lac éponyme. Sa superficie, 16 km², en fait le plus vaste lac de Bali. Danau Batur constitue par ailleurs l'une des principales sources d'eau d'irrigation de l'île.
A l'horizon, les flancs du mont Abang (2152 mètres), rebord oriental de la caldeira dont il constitue le point culminant, plongent dans les eaux bleutées du lac.
Plus proche et situé au centre de deux caldeiras, le mont Batur domine, du haut de ses 1717 mètres, la rive occidentale, réputée par ses sources d'eau chaude. Comme le mont Agung, le mont Batur est un volcan sacré. Comme lui, il est toujours actif, sa dernière éruption est survenue entre mars 1999 et juin 2000. Des coulées de lave basaltique noire témoignant des explosions passées sont encore bien visibles depuis le village de Kintamani.


Lac Batur et le mont Abang


Le majestueux Mont Batur 

L'air frais et pur de la montagne sont fort agréables en cette fin d'après-midi.
Sur le bord de la rue principale, le harcèlement des vendeurs à la sauvette, très pressants pour nous fourguer l'un de leurs souvenirs, l'est nettement moins. Le petit marché qui surplombe le lac est plutôt sympa, des piles de fruits tropicaux s’y amoncellent. Pour quelques milliers de roupies, on peut s’offrir un magnifique panier de fruits et goûter aux différentes variétés locales: ananas, mangoustans, pastèques, bananes, salak, fruits de la passion sans oublier ces oranges, à peau verte, très parfumées typiques de la région (jeruk).
Le climat frais et humide de cette partie de l'île est effectivement propice à la culture de fruits (oranges notamment) et légumes. La région est également réputée pour ses plantations de café (arabica) et sa production de bambous géants utilisés pour la fabrication de meubles.





Commentaires

  1. Comme vous êtes superbes en sarong !
    Et tout ces paysages respirent la sérénité !
    Aurore

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    Réponses
    1. Tu n'as pas encore vu notre collection de vêtements en batik...

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